Des origines à aujourd'hui
Ancienne place forte du Forez, La Fouillouse a vu son histoire marquée par le développement du bassin industriel et minier de Saint-Etienne, et l’essor d’activités artisanales spécifiques (passementerie, briqueteries), sans pour autant tourner le dos à la vocation largement agricole de son territoire.
Les différents paragraphe ci-dessous, réalisés par l’association « Histoire et Patrimoine », vous permettront d’en savoir plus sur l’histoire du village.
HISTORIQUE DU VILLAGE
La Fouillouse est mentionnée dans des textes anciens du Moyen-Age sous les noms de FOLHOSIE, FOLHOSE, FOLHOSA, FOLHOUSE, la FOUILLEUSE pour indiquer un lieu couvert de feuilles, le lieu au vert feuillage. Le territoire de la Fouillouse dépendait des Comtes du Forez. En 1183 l’église St Martin dépend de l’abbaye de l’île Barbe près de Lyon. Les Comtes du Forez firent édifier le château de la Fouillouse vraisemblablement au milieu du XIIIème siècle ; Une tour circulaire arasée est le seul témoignage de ce passé. La Fouillouse fait partie des 32 places fortes du Forez recensées par Guillaume REVEL au milieu du XVème siècle. Lorsque le Forez fut réuni à la couronne de France, François Ier vint en prendre possession en 1536 ; pendant son séjour dans le Forez, le roi choisit les bois de la Fouillouse pour s’adonner à la chasse.
En 1789 la FOUILLOUSE compte 1200 habitants avec une natalité et une mortalité très fortes. Durant cette période les citoyens devront faire face aux réquisitions, à la pression fiscale et aussi aux perquisitions, suspicions et dénonciations. Les sœurs du couvent de la congrégation de St Joseph sont arrêtées et emprisonnées. Le curé de la paroisse François BOURDELLY est incarcéré le 26 septembre 1793 dans la prison de la rue de la ville à St-Etienne. Le 17 mars 1794 le curé monte à la guillotine sur la place de la liberté, actuelle place des Terreaux à Lyon.
En 1827 la Fouillouse est traversée par la première ligne de chemin de fer continentale.
Par un arrêté préfectoral de l’année 1884, la commune de l’Etrat est créée. La Fouillouse sera alors amputée d’une partie de son territoire et de ses habitants.
Prise entre St Etienne et Andrézieux, tournée vers la préservation de la verdure, la Fouillouse est une terre de passage, de la ruralité à l’industrialisation, de la campagne à la ville, et des collines à la plaine.
PERSONNALITÉS
Des personnalités reconnues dans le village et au-delà…
JEAN PALERNE
Jean Palerne, écrivain-poète, né à la Fouillouse en 1557, décédé en 1592 peut-être à Orléans.
Il appartenait à une grande famille forézienne. A 19 ans, il devient secrétaire de François de Valois, duc d’Anjou et d’Alençon, quatrième fils du roi Henri II, frère d’Henri III.
A 24 ans, en 1581, il part pour l’Empire Ottoman et va laisser deux manuscrits : « D’Alexandrie à Istambul » : Périgrinations dans l’Empire Ottoman – 1581 – 1583, dont il existe une première édition de 1606 à Lyon et un recueil de poésies.
JOVIN BOUCHARD
Jovin Bouchard, né le 13 février 1780 à Saint-Etienne, décédé le 23 octobre 1835 à Lyon, a été entrepreneur à la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne. Il possédait une grande propriété à La Bertrandière, qui faisait partie de la commune de La Fouillouse jusqu’à la création de la commune de l’Etrat en 1884.
Il fut le premier président de la Société d’Agriculture .
A sa mort, il légua à la ville de Saint-Etienne une somme de 550 000 francs destinée entre autre à la construction de la Préfecture.
Il légua aussi la somme de 80 000 francs à la commune de La Fouillouse pour la création d’un hôpital (hospice) qui verra le jour en 1840 avec une capacité de huit lits, dirigé par les Sœurs de Saint-Joseph. Il légua également d’autres sommes destinées aux pauvres.
PAUL RIGOLLOT
- Paul Rigollot
Paul Rigollot naît à Beaune (Côte-d’Or) en 1742. Après des études de médecine, il devient officier de santé et chirurgien. Il s’installe à la Fouillouse en 1768 et soignera les Feuillantins jusqu’à sa mort, en 1824.
Très investi dans la vie locale, et malgré les services rendus, il est emprisonné quelques temps pendant la révolution et ses biens mis sous séquestre. Il est libéré le 28 thermidor de l’an II (15 août 1794). Après sa libération, il devient officier municipal (conseiller municipal) puis maire pendant trois ans, de 1804 à 1807.
Son petit-fils, Paul Jean Rigollot part à Paris suivre des cours de pharmacie. Après de brillantes études, il revient à Saint-Etienne pour ouvrir une officine. Il consacre son temps et son génie à diverses inventions pour l’industrie. En 1867, il met au point le sinapisme en feuille (cataplasme en feuille). Ainsi naît « le Rigollot » que l’on applique sur la peau pour soigner les affections pulmonaires.
DENIS ESCOFFIER
Denis Escoffier (1842-1899) Chocolatier, Homme de cœur, travailleur, il avait acquis une situation importante sur la région stéphanoise. A son décès, il laissa de nombreux legs, notamment à la ville de Saint-Etienne et aux employés de la chocolaterie Escoffier.
Située entre la voie de chemin de fer et le Furan à la Fouillouse, la chocolaterie Escoffier fut fondée en 1770, ce qui en faisait la plus ancienne chocolaterie de la région stéphanoise. Au départ, c’est un modeste établissement utilisant une roue hydraulique sur un bief du Furan, face au Moulin Saint-Paul.
- Un magasin de vente ouvre à Saint-Etienne à l’angle de la rue Froide (actuelle rue Denis Escoffier) et de la Grand’Place (place du Peuple). En 1870, Denis Escoffier succède à son père Augustin à la tête de l’entreprise. Il développe considérablement l’affaire familiale qu’il dirige jusqu’à sa mort.
En 1891, il achète le château du Bréas au bas de la route d’Eculieu et s’y installe avec son épouse. Il n’en profitera pas longtemps, puisqu’il décède en 1899.
CHARLES REBOUR
Charles Rebour (1831 – 1897), feuillantin pendant 33 ans, de 1865 jusqu’à sa mort en 1897, a été maire de La Fouillouse de 1884 à 1888.
Charles Rebour est né à Grand, dans le département des Vosges. Tout jeune il montre des dispositions exceptionnelles pour le dessin. A 16 ans, il obtient le dernier « Prix du Roi » qui récompense le meilleur lauréat de toute la France. On lui fait des offres alléchantes, tant son talent est apprécié ; il les repousse. Il a son idée : créer de superbes rubans de soie ; il a son but : Saint-Etienne où l’art du ruban est florissant.
Il arrive dans cette ville en 1849. Il est vite recherché et travaille pour les meilleures fabriques de l’époque : Gérentet et Coignet, Chapelon et Dauphin, Larcher-Faure. Il se révèle comme un créateur rubanier d’un niveau inconnu jusqu’alors. Il devient « le vrai Maître » de la Fabrique. Ses créations se répandent en France, en Angleterre, en Russie, en Chine. Il est vite l’un des associés de ces maisons réputées.
En 1882, il fonde sa propre entreprise purement stéphanoise avec bureaux à Paris, Londres, Saint-Pétersbourg. Il dessine des rubans pour la Reine Victoria, il crée des robes pour les dames de la cour de Napoléon III, pour le sacre du Tsar Alexandre III.
Il amène ses ouvriers à effectuer de véritables prouesses techniques, se mettant aux métiers avec eux, et parvenant à les faire réaliser ce qu’ils estiment impossible, tant ses dessins sont complexes. Avec d’autres industriels, il fait du Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne un outil au service de l’enseignement artistique et technique des ouvriers et dessinateurs.
D’après la biographie écrite par le Général Granotier, son petit-fils.
MARCEL GENDRE
Marcel Gendre aquarelliste de renom dans son atelier à la Fouillouse, a passé 50 ans de sa vie à La Fouillouse où il repose depuis 1997. Il était né en 1908 en Bretagne, à la Roche Bernard puis vécut à Nantes, Paris où il fut élève de l’Ecole des Beaux Arts, et Le Puy. Il vint s’installer avec son épouse Suzanne, fille de Jean Marie Goubelly, ancien maire de la Fouillouse, dans la demeure familiale de la rue de la Libération où il a trouvé le lieu idéal pour peindre au calme l’essentiel de son œuvre, en particulier, les paysages du Forez dont il appréciait le charme.
Il avait commencé sa carrière d’aquarelliste, à une époque (vers 1940) où l’aquarelle était considérée comme un art mineur. Il a passé toute sa vie d’artiste à défendre son art, à travers des expositions régulières à Paris, Saint-Etienne, Le Puy, etc. Son œuvre est présente, dans de nombreuses collections particulières en France et à l’étranger. Il a su transmettre son savoir faire à quelques Feuillantins qui furent ses élèves et qui ont créé, autour de l’aquarelle, un mouvement qui reste très dynamique aujourd’hui dans des ateliers d’apprentissage soutenus par la Mairie.
Depuis 2003, en souvenir de Marcel Gendre, les Biennales de l’Aquarelle invitent des aquarellistes, parmi les plus renommés et les plus actifs de la nouvelle génération, ceux qui ont créé une nouvelle manière de « peindre à l’eau »
LE FURAN
Le Furan prend sa source près de Tarentaise dans le Pilat, à 1160 mètres d’altitude ; il traverse St Etienne du sud au nord, rejoint Ratarieux, arrose la vallée de La Fouillouse sur 5,5 km, pour se jeter dans la Loire à Andrézieux, après un cours d’environ 36 kms.
Sur le territoire de la Fouillouse, le Furan a deux affluents sur la rive droite, le Pinchinieux et le Maleval et deux sur la rive gauche, le Riotord et le Riodelet ; il reçoit également de tous petits ruisseaux appelés autrefois « gouttes » : la goutte d’Amouilloux et la goutte de Beublin.
Le Furan (le furieux) et le Maleval sont très dangereux et donnent lieu à de fréquents accidents. Au cours des siècles ils sont souvent devenus fous : Crue du 29/07/1790, crue du 26/08/1834 et plus près de nous : 1883,2003 et 2008. Au 19ème siècle 3 ponts en pierre sont construits, un aux Molineaux pour le passage de la voie ferrée, le pont Blanc sur la route de St just et le pont Mazencieux au moulin St Paul en 1829.
Sur son cours, dans la traversée de la Fouillouse, étaient établies plusieurs écluses ou barrages : de la Niarée février 1419, du moulin de la Jacqua 1490, du moulin St Paul 1492, de Milinot ou Maupas moulin (les Molineaux) 1535, du pré de l’île à proximité du moulin St Paul pour irrigation 1833.
Les barrages, écluses et biefs, permettaient, au moyen de roues hydrauliques d’actionner : 5 moulins répartis sur le cours du Furan aux lieux dits : St Paul, la Parapelière, la
Jacque, le petit Breuil (Molineaux), la Porchère ; une fabrique de chocolat Escoffier située près du moulin St Paul ; une fabrique de pointes située à la Jacque ; une fabrique de billes de roulements située aux Molineaux ; une centrale électrique qui existe encore aujourd’hui près du moulin St Paul.
Sur les riches prairies (appelées « prés Furan »), entre Ratarieux et le pont Blanc on dénombrait, jusque dans les années 1950, une quinzaine de fermes irriguées par le Furan ; l’herbe poussait très vite car la rivière, après avoir traversé St Etienne, était chargée d’humus. Les paysans faisaient 5 à 6 coupes d’herbe de mars à novembre.
LA PASSEMENTERIE
En 1900, les rues de La Fouillouse résonnaient du bruit de 300 métiers de passementiers. Ces métiers étaient regroupés par deux ou trois dans des maisons construites souvent sur le même modèle : du côté bien éclairé de la maison (ouest et sud-ouest) et souvent au premier étage, il y a l’atelier. De l’autre côté ou au rez-de-chaussée, le logement du passementier.
Ces métiers étaient tenus par des artisans qui travaillaient sur commande pour des donneurs d’ordre stéphanois (Colcombet, Giron, Deville, Louison, etc…) Le commis de barre faisait l’intermédiaire entre le donneur d’ordre et le passementier et négociait les prix. Un commissionnaire amenait de Saint-Etienne le « chargement » : la matière première (fil de soie ou de coton) et la commande (métrage, largeur et caractéristiques du ruban) au passementier. Quand le travail était fini, le commissionnaire venait le rechercher et le ramenait au négociant.
A la Fouillouse, on fabriquait surtout du ruban uni, de soie ou de coton, et également du velours sur des métiers « à tambours ».
A partir de 1921 le déclin commence. Le ruban est moins à la mode et, en 1927, il n’y a plus que 86 ateliers soit 200 métiers environ. Le dernier atelier, cours Jovin Bouchard, ferme dans les années 1970.
Beaucoup de maisons du village gardent les traces de ces ateliers même si les hautes fenêtres ont souvent été coupées en deux pour créer un étage d’habitation supplémentaire.
LES TUILERIES, BRIQUETERIES
La Fouillouse comptait 3 briqueteries, l’une sur le chemin de la Fouillouse à Eculieu, au lieu- dit « la Basse Rivoire ». Elle a été créée en 1866 par Félix BLANCHON, elle fermera ses portes dans les années 1950.
La briqueterie des Palles à la place de l’actuel lotissement Beauvallon, sur la route de St-Héand au niveau du Maleval ; c’est un membre de la famille DUTEYRAT qui arrêtera la production vers 1930.
La troisième se situait aux Brosses, c’est la plus ancienne, elle est répertoriée au cadastre de 1833 au lieu- dit « la Tuilerie », exploitée jusqu’en 1906 par la famille PHILIPPON, reprise par François LONGEVIALLE qui l’exploitera jusqu’au début de la guerre de 1914. Il en reste quelques vestiges.
L’AGRICULTURE
La Fouillouse était une commune très rurale. Dans les années 1860 on comptait 423 agriculteurs qui exploitaient 950 ha de terres labourables, 390 ha de prairies, et 670 ha de bois principalement du chêne, 6 ha de vignes...Ils cultivaient environ 335 ha de froment, 335 ha de seigle, 100 ha d’avoine, 100 ha de pommes de terre et 80 ha de cultures diverses (pois, maïs, betteraves…). La surface totale de la commune était de 2069 ha répartis en 4066 parcelles possédées par 632 propriétaires. Les agriculteurs feuillantins élevaient principalement des ovins (720), des bovins (339), chevaux mulets et ânes (100) sans oublier les porcs (170).
- Un siècle plus tard, à la fin des années 1950, la Fouillouse compte encore 116 fermes. Dans les années 1970, le nombre tombe à 52.
Aujourd’hui, on ne comptabilise plus que 6 exploitations à temps plein.